À la mémoire de Ilan Halimi

Quand l'affaire Ilan Halimi inspire le cinéma

24 jours le prochain film d'Alexandre Arcady

Alexandre Arcady et l'équipe du film "24 jours" en tournage au Palais de justice de Paris 
© Radio France - Anne Lamotte

La mère de Ilan Halimi ZL accepte le film de Alexandre Arcady
Ruth Halimi est dans une douleur profonde à chaque fois que l'on parle de son fils Ilan qui a été torturé pendant plus de trois semaines par le gang des barbares commandité par Fofana. Pour rappel, Ilan est mort car il était juif.

Madame Halimi nous fait part en parlant de son fils :

« Il ne se passe pas un jour sans qu’il soit avec moi. Je tiens le coup grâce à mes petits-enfants, et à tous les messages de soutien que je reçois du monde entier. »

Apres la sortie de son livre "24 Jours" c'est Alexandre Arcady qui lui a demandé la permission de tourner un film en souvenir pour son fils, mais la maman du jeune garcon de 25 ans a toujours eu des doutes concernant cette demande. Aujourd'hui Ruth accepte et accorde les droits d'adaptation de son livre qui résume le calvaire de son fils et de sa famille.

Les raisons pour laquelle ,elle a accepté que ce film soit tourné se résume en ces quelques phrases :

« Je tenais à ce que ce long-métrage ait une portée éducative. Ce drame ne serait pas arrivé si les jeunes étaient mieux éduqués, mais aussi à la violence gratuite qui se répand dans la société française,  où l’on tue pour un oui, pour un non. Je voulais aussi que le film   témoigne de la bonté et du caractère solaire d’Ilan. C’était un bon vivant, le cœur sur la main. Le jour où la jeune fille est venue l’appâter dans la boutique de téléphonie, il était en train de remplacer un ami au travail. »
Que D... repose ton Ame, Ilan.

Dans le secret du tournage de "24 jours" le prochain film d'Alexandre Arcady

Le réalisateur Alexandre Arcady porte à l'écran l'histoire du martyr Ilan Halimi assassiné par le gang des barbares en 2006.  Pour ce tournage sensible,le 36 quai des Orfèvres a ouvert grand ses portes et notamment sa cour intérieure filmée pour la première fois par une équipe de cinéma.
Le tournage de ce film est délicat. Le réalisateur Alexandre Arcady a choisi de traiter une tragédie qui a ébranlé la France en 2006, l'affaire Ilan Halimi. Le film a été écrit avec l'aide d'Émilie Frêche, coauteure avec la mère du jeune homme, Ruth Halimi, de "24 Jours : la Vérité sur la mort d'Ilan Halimi" (publié en 2009).
Au casting  de "24 jours" :  Zabou Breitman, dans le rôle de la mère de la victime, Pascal Elbé, son père, Jacques Gamblin, le chef de la PJ, et Syrus Shahidi, un comédien d'origine iranienne quasiment inconnu pour jouer le rôle d'Ilan. Le film sortira dans les salles au printemps prochain.

Pour la première fois, dans l'histoire du cinéma, des équipes ont tourné à l'intérieur du 36 Quai des Orfèvres. Un choix de la Préfecture de Police qui souhaite valoriser son patrimoine. D'autres tournages de films sont d'ores et déjà prévus...

Rencontre avec le réalisateur dans ce lieu mythique. Un reportage de Nicole Bappel.

Manuel Valls sur le tournage d'un film consacré à l'affaire Ilan Halimi

CINEMA - Il s'y est présenté en tant qu'ami du réalisateur, Alexandre Arcady...



Gang des barbares: Youssouf Fofana aurait posté des vidéos sur Internet depuis sa cellule


L'ex-chef du gang des barbares crée la polémique en diffusant des vidéos anti-sémites sur YouTube depuis sa prison de Clairvaux
JUSTICE - Le chef du gang des barbares, condamné à perpétuité, en aurait publié une quinzaine. Une enquête a été ouverte...

«Je suis Fofana Youssouf, un jeune musulman avec des faiblesses...» Voilà comment le chef du gang des barbares, condamné à perpétuité en 2009 pour lemeurtre d'Ilan Halimi, se présente dans l'une des vidéos dans lesquelles il apparaît sur Youtube. Fin 2011, il en aurait ainsi posté une quinzaine sur ce site depuis sa cellule, a-t-on appris mardi de source judiciaire, confirmant des informations de l'Est Eclair.
«Une fouille de la cellule de Youssouf Fofana a été effectuée. Mais aucun appareil d'enregistrement n'y a été découvert», a dit cette source, affirmant qu'une procédure pour interdire la diffusion du document sur Internet a été lancée. La source judiciaire refuse en revanche de confirmer que les vidéos ont bien été réalisées depuis la cellule de la prison de Clairvaux, dans l'Aube, où Youssouf Fofana est incarcéré depuis février 2011.

Prises de position pénalement répréhensibles

«Il y a une enquête de la gendarmerie, gérée par la brigade de recherches de Bar-sur-Aube, au sujet d'images diffusées sur Internet dans lesquelles on voit Youssouf Fofana, de sa cellule pénitentiaire, qui exprime des prises de position pénalement répréhensibles», a confirmé une source de la gendarmerie. «Il y a dans le registre terroriste des prises de position qui sont condamnables et qui ont motivé cette saisine et l'ouverture d'une enquête», a ajouté cette source.
En observant les vidéos, on peut voir sur le mur derrière l'homme se présentant comme Youssouf Fofana des morceaux d'adhésif sur lesquels les inscriptions «chaussu» et «Clairva» apparaissent. Selon des sources syndicales, l'adhésif serait celui utilisé pour refermer les cartons de chaussures fabriqués dans les ateliers de la prison de Clairvaux par les prisonniers. Par ailleurs, ces sources syndicales disent avoir clairement reconnu le crépis vert des murs et le montant de la fenêtre, comme faisant bien partie des locaux de la prison.

Justice : Le Gang des Barbares à la barre


Youssouf Fofana, le Chef du gang des barbares, et ses complices, comparaissent devant la cour d'assises des mineurs de Paris , pour la séquestration, torture et meurtre d'Ilan Halimi, le 13 février 2006

« Je ne pardonnerai jamais à Fofana. »
La petite amie d’Ilan Halimi parle pour la première fois.

« Mony » a 27 ans et travaille dans la finance. Avant l’ouverture du procès Fofana le 29 avril, elle a reçu Le Point en présence de son avocat, Me Xavier Filet, dans la ville où elle s’est exilée depuis le meurtre de son compagnon. Un lieu qu’elle souhaite garder secret, comme son visage.
Pourquoi vous êtes-vous constituée partie civile ?
Dans mon entourage, très peu de gens sont au courant ; au bureau, personne. Si je vais témoigner au procès, c’est au nom de l’amour que je portais à Ilan. Nous vivions ensemble depuis dix mois, nous étions très soudés. Lui, c’était moi, et moi, c’était lui. Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à lui.
Je veux que ceux qui ont fait du mal à Ilan soient punis. Je veux pouvoir les regarder dans les yeux au moment du verdict. À quoi pensait Ilan lorsqu’il était séquestré dans cette cave ? Lorsqu’on le torturait ? Pourquoi a-t-il suivi cette fille ? Ces questions me hantent. Ça me détruit. Chez moi, j’ai encore toutes les vestes d’Ilan, ses chemises, toutes nos photos de vacances. Ilan était un ange, il était généreux, mais aussi un peu naïf. C’est sans doute ce qui l’a perdu. Parfois, je voudrais devenir amnésique afin de tout oublier, de ne plus souffrir.
Comment avez-vous rencontré Ilan ?
Je voulais acheter un téléphone portable. J’avais mes habitudes dans un magasin du quartier République, mais je suis entrée dans un autre par erreur. C’est un vendeur débutant qui m’a accueillie, il a très vite appelé Ilan à la rescousse. J’étais là pour acheter un téléphone, je ne me suis même pas aperçue à quel point Ilan était beau. Au moment où je partais, Ilan m’a donné sa carte. Plus tard, il m’a confié que, lorsque j’étais entrée dans le magasin, il s’était dit que j’étais celle qu’il attendait. Nous avons très vite emménagé ensemble.
Comment jugez-vous la jeune femme qui a servi d’appât ?
C’est elle qui a rendu le piège possible. Sans elle, Ilan serait toujours là. Cette fille a fait un mauvais choix, elle doit l’assumer. Tout le monde peut se perdre à un moment de sa vie. Mais il est toujours possible de faire machine arrière. Cette fille a eu trois semaines pour réfléchir. Un seul coup de fil à la police, même anonyme, aurait pu sauver Ilan. Je ne sais pas si je pourrai la regarder. Si on avait enlevé sa soeur ou sa mère, qu’aurait-elle pensé ? Je ne pardonnerai jamais, ni à elle, ni aux vingt-neuf autres personnes renvoyées devant les assises.
Comment les ravisseurs sont-ils entrés en contact avec vous ?
Ilan a disparu un vendredi. Je ne voulais pas qu’il sorte. Il m’avait promis d’être tôt à la maison. Il n’est pas rentré. C’était la première fois qu’il découchait. J’ai appelé ses cousins, ses amis. Personne ne l’avait vu. En fin d’après-midi, j’ai reçu un coup de fil sur mon portable. Au bout du fil, c’était une voix d’homme que je ne connaissais pas. Le type s’est présenté comme un « pote à Ilan ». Il m’a demandé de noter un « user » (identité électronique) et un « password » (mot de passe) puis a raccroché. Je suis descendue au cybercafé en bas de la maison. Le message commençait ainsi : « Nous sommes en possession d’Ilan et sa vie est menacée de mort. » Ils réclamaient 450.000 euros pour sa libération. Il y avait un deuxième message sans texte, avec une pièce jointe. C’était une photo d’Ilan. Il avait le visage recouvert de Scotch, sauf le nez, et un pistolet braqué sur la tempe. Je répétais : « C’est pas possible, c’est pas possible. » J’ai même pensé à une blague. J’ai appelé Raffi, le beau-frère d’Ilan, pour qu’il lise le message à son tour. Nous sommes partis chez la mère d’Ilan. C’était la panique, je tremblais comme une feuille. Nous avons contacté le commissariat du 12e. Là, ils nous ont envoyés à la PJ. Puis, de la PJ, nous nous sommes rendus au 36, quai des Orfèvres, à la Criminelle. Le père d’Ilan nous a rejoints. Les policiers nous ont bombardés de questions jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. Quelques heures plus tard nous étions de retour au 36. Nous y avons passé la journée. Un ravisseur m’a appelé sur mon portable. Il m’insultait tout en me disant qu’il détenait Ilan et qu’il voulait de l’argent. Un policier assistait à la conversation. J’avais l’impression d’être dans un film. Je ne comprenais pas comment une telle chose pouvait m’arriver.
Comment se sont déroulées les négociations avec les ravisseurs ?
Elles ont duré deux semaines et demie avec moi, trois avec le père d’Ilan. Tous les jours, nous étions au 36, entourés de négociateurs. La nuit, je dormais chez la mère d’Ilan, sous surveillance policière. Le plus souvent, les ravisseurs appelaient le père d’Ilan-parfois plusieurs dizaines de fois par jour-et moi seulement de temps en temps. C’étaient des appels très courts, et les ravisseurs parlaient soit très vite, soit très doucement. J’ai toujours pensé qu’il y avait deux interlocuteurs différents au bout du fil. J’ai dit aux policiers qu’ils parlaient comme des « racailles » de banlieue, l’un avait un accent africain, l’autre nord-africain. Les policiers voulaient convaincre les ravisseurs d’accepter une remise de rançon « physique » en échange d’Ilan. Il fallait rester en contact, gagner du temps, tout en s’assurant qu’Ilan était toujours vivant.
Une fois, un ravisseur, sans doute Fofana, m’a récité une prière au téléphone. Mon sang s’est glacé. L’expression préférée de Fofana était : « Trop tard, j’ai commandé. » Avec lui, c’était toujours trop tard, il avait déjà ordonné telle ou telle chose à ses sbires. On avait l’impression qu’il se prenait pour Dieu. Il m’a harcelée jusqu’au matin même de l’enterrement. Il a eu le culot de m’appeler sur mon téléphone à 8 heures en me disant : « Je sais où t’habites et nous allons te faire la même chose qu’à Ilan. Nous allons te tuer. » Le policier qui se trouvait à mes côtés a finalement récupéré le combiné, disant qu’il était le beau-frère d’Ilan. Fofana l’a traité de « rat pédé » puis a raccroché.
Au cours de la troisième semaine, les policiers nous ont demandé de ne plus répondre aux ravisseurs. Nous avons obéi, ce sont eux les professionnels, pas nous. Le patron de la PJ de l’époque a affirmé qu’il n’avait jamais demandé d’interrompre les communications. Pourtant, je n’ai pas rêvé, je sais ce qui s’est passé. D’ailleurs, lorsque Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’Intérieur, nous a reçus, il a immédiatement reconnu que c’était un échec. Il nous a dit : « Nous avons échoué. »
Pensez-vous que la Crim’ ait commis des erreurs ?
Je suis convaincue que les policiers ont fait de leur mieux. Avec le recul, je me dis que l’on aurait dû s’y prendre autrement. Sans doute aurait-on dû diffuser plus tôt l’information de l’enlèvement d’Ilan. C’est la diffusion dans la presse du portrait d’Audrey, l’un des appâts, qui a permis les arrestations. Il n’aurait sans doute pas fallu rompre les négociations. Les ravisseurs continuaient de m’appeler et ils se défoulaient sur ma messagerie.
J’ai toujours eu la conviction que c’étaient des amateurs : ils ne venaient jamais aux rendez-vous, changeaient d’avis sans arrêt, se contredisaient… Les policiers étaient convaincus du contraire. Ils imaginaient avoir affaire à des voyous expérimentés.
Comment avez-vous appris la mort d’Ilan ?
J’ai gardé l’espoir de le revoir jusqu’au jour où les policiers m’ont dit de venir Quai des Orfèvres. Ils m’ont annoncé la mort d’Ilan. La terre s’est dérobée sous moi. J’ai eu une crise de nerfs. Ensuite, c’est le trou noir. J’aurais préféré que cela m’arrive à moi plutôt qu’à lui. Je me suis transformée en morte-vivante. Je ne dormais plus, ne mangeais plus. J’avais besoin de sentir Ilan près de moi, de caresser son visage, qu’il me prenne dans ses bras.
J’ai fini par quitter Paris. J’adore cette ville, mais je ne pourrai plus jamais y vivre. J’y ai trop de souvenirs liés à Ilan. J’ai voyagé pour essayer d’oublier. Je suis partie à la rencontre de gens plus malheureux que moi. J’ai aussi suivi une thérapie.
Depuis quelques mois, j’ai posé mes valises. J’essaie de refaire ma vie, sans savoir si je pourrais un jour retomber amoureuse de quelqu’un.
Ilan me disait souvent : « Toi, tu es trop forte ! » Quand ça ne va pas, je me remémore ses mots. C’est ma petite musique à moi.
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